Antibioprophylaxie de l’endocardite bactérienne pour mutuelle dentaire
L’antibioprophylaxie de l’endocardite bactérienne reste certainement la prophylaxie anti-infectieuse la plus codifiée au monde. Sa conception très rationnelle, sa simplicité ainsi que son efficacité concourent à sa large utilisation (Peetermans et De Man, 1995).
Chez les patients sains et en l’absence d’un consensus sur l’antibioprophylaxie en chirurgie buccale, beaucoup de chirurgiens adoptent celle de l’endocardite bactérienne. Cette modalité de prescription, conforme aux principes de
Pallasch (1989a et 1989b), de Peterson (1990) et de l’ANDEM (1995 et 1996), demeure à ce jour la plus séduisante et la plus recommandée en chirurgie buccale.
Il existe cependant quelques différences entre les conceptions américaine et européenne de l’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse.
Si Américains et Européens sont d’accord pour retenir l’amoxicilline comme molécule de premier choix( 3g 1 heure avant l’acte opératoire), les premiers, contrairement aux seconds, jugeaient important d’administrer une deuxième dose(1,5g) 6 heures plus tard (Dajani et al ., 1990.
Mais ces contradiction n’existent plus depuis octobre 1996, date à laquelle l’American Heart Association(AHA) s’est ralliée à la conception britannique et française en reconnaissant qu’une seule dose d’amoxicilline, administrée 1 heure avant l’intervention , était suffisante chez les patients à risque d’endocardite( DAJANI ET AL.?1997).L’AHA a cependant réduit la dose de charge de 3à 2 g. Cette dernière dose s’est révélée optimale pour assurer des concentrations
sériques suffisantes pendant plusieurs heures et causerait aussi moins de problèmes gastro-intestinaux (Dajani et al., 1994) ; en cas d’allergie à l’amoxicilline, PAHA (Dajani et al., 1990) préconisait l’utilisation de l’érythromycine ou de la clindamycine. En Grande-Bretagne et en France, on préconise plutôt la seconde (sinon la pristinamycine pour les Français). Mais depuis octobre 1996 (Dajani et al., 1997), l’AHA ne retient plus l’érythromycine comme possibilité chez les patients allergiques aux pénicillines. Celle-là entraîne beaucoup de manifestations digestives (nausées, vomissements, gastralgies et diarrhées) et ses propriétés pharmacocinétiques restent complexes à cause de ses différentes formulations (base, propionate ou éthylsuccinate). Cependant, l’AHA conseille aux praticiens satisfaits de la prescription de l’érythromycine de continuer à le faire selon les recommandations de 1990. Pour les patients allergiques aux pénicillines, elle recommande depuis la clindemyeine (Dalacine ou l’azithromycine (Zithromae Monodose, Azadoses) ou la clarithromycine (Naxye, Zeclare) 1 heure avant l’acte opératoire (tableau 7, Vidal 2002). La clindamycine semble donc, aussi bien pour les Américains que pour les Européens, être l’antibiotique de choix après l’amoxicilline.
Autres modalités d’antibioprophylaxie
Selon l’ANDEM (1995 et 1996), une antibioprophylaxie doit être de courte durée, si possible limitée à la
période préopératoire, de 24 heures parfois, jamais plus de 48 heures. Une prescription d’antibiotique supérieure à 48 heures constitue une antibiothérapie curative. Donc, toute prise d’antibiotique bactéricide à forte dose commencée avant l’acte opératoire peut être considérée comme une antibioprophylaxie, même si la prescription est prolongée jusqu’au lendemain de l’intervention. Mais cette pratique devrait être abandonnée. Une dose forte et unique, éventuellement suivie par une deuxième prise de 3 à 6 heures plus tard, est suffisante pour prévenir la majorité des infections postopératoires en chirurgie paro-implantaire. voir là
L’association B-lactamine-acide clavulanique (Augmentin°, Ciblore) ne doit pas être retenue en première intention. Elle doit être réservée aux patients fréquemment sous amoxicilline pour une cause médicale déterminée (pharyngites à répétition, etc.). Elle peut être prescrite aussi chez ceux ayant pris de l’amoxicilline dans les 2 semaines (voire 1 mois) précédant l’acte opératoire jugé à risque.
L’association spiramycine-métronidazole (Rodage) est conseillée par certains auteurs français (Roche, 1997), qui la préfèrent aux 8-lactamines. Celles-ci sont tellement prescrites quotidiennement en médecine de ville et en milieu hospitalier que les résistances bactériennes à cette famille d’antibiotiques deviennent inquiétantes. Beaucoup d’auteurs préconisent en effet, lors d’une antibioprophylaxie, de ne pas utiliser d’antibiotique prescrit récemment en vue d’une efficacité maximale (Welters, 1997).