Quel antibiotique en chirurgie paro-implantaire

 

Il n’existe à ce jour aucun consensus concernant l’antibiotique de choix en antibioprophylaxie des infections postopératoires en chirurgie buccale et paro-implantaire.

Cependant, pour beaucoup d’auteurs, l’amoxicilline (8-lactamine) posséderait une multitude de caractéristiques pharmacocinétiques, toxicologiques, écologiques et bactériologiques (spectre d’activité) lui permettant d’être retenue comme l’antibiotique de première intention en prophylaxie anti-infectieuse en chirurgie buccale.

C’est en effet un antibiotique bactéricide temps dépendant, inhibant l’adhésion bactérienne, peu toxique pour l’organisme, ayant une bonne biodisponibilité per os, ne détruisant pas la flore de barrière en cure courte et possédant un spectre d’activité adapté (antistreptococcique).

L’association amoxicilline acide clavulanique n’est pas justifiée en première intention.
Autres B-lactamines, la pivampicilline (Pro Ampie, bioprécurseur de l’ampicilline) est une bonne solution de remplacement à l’AMO xi offline.

Si leurs indications, contre- indications effets indésirables et propriétés pharmacodynamiques sont quasiment semblables, la pivampicilline entraînerait toutefois moins de troubles digestifs que l’amoxicilline.
En cas d’allergie aux B-lactamines, trois molécules sont fréquemment citées dans les publications médicales comme solutions de rechange : clindamycine (macrolide apparenté), érythromycine (macrolide) et pristinamycine (synergistine).
Le métronidazole (nitro-5 imidazolé) ne possède aucune activité contre les streptocoques aéro-anaérobies, qui constituent les bactéries le plus souvent en cause dans les infections postopératoire en chirurgie buccale et paro-implantaire (Peterson, 1990 ; Dent et est., 1997). Il doit être réservé, en association avec l’amoxicilline, la clindamycine, l’érythromycine ou la pristinamycine, aux interventions où l’on craint une surinfection aux bacilles à Gram négatif anaérobies, et/ou aux cocci à Gram positif anaérobies.

Chez les patients sains , et en l’absence d’un consensus sur l’intibioprophylaxi en chirurgie buccale, beaucoup de chirurgiens adoptent celui de l’endocardite bactérienne. Cette modalité de prescription, conforme aux principes de Pallasch(1989a et 1989b), de Peterson( 1990, 1994 et 1997) et de l’ANDEM( 1995 et 1996), demeure à ce jour la plus séduisante et la plus largement recommandée en chirurgie paro-implantaire.

De toutes ces études, aux résultats très controversés, aucun consen­sus ne peut être tiré concernant l’incidence des infections postopé­ratoires en parodontologie. Mais au vu du risque infectieux poten­tiellement plus important, la pose d’un biomatériau exigerait la pres­cription d’un antibiotique (Nowzary et al., 1995). L’utilisation de l’anti­bioprophylaxie en chirurgie bucca­le et paro-implantaire demeure donc discutable. Des études cli­niques de qualité, prospectives, randomisées et en double aveugle devraient être menées afin d’obtenir plus de renseignements sur l’incidence des infections postopératoires dans ce domaine. En France, une étude prospective est en cours. Coordonnée depuis Toulouse, elle intéressera 3 UFR d’odontologie et plus de 1 000 patients sains devant subir une chirurgie buccale ou paro-implan­taire en dehors de toute infection locale. Deux groupes de patients sont prévus : le premier recevra une antibioprophylaxie juste avant l’intervention, le second un place­bo. Les patients seront suivis pendant les 21 jours qui suivront la chirurgie afin de déceler une éventuelle infection postopératoire. Les résultats de cette étude ambitieuse devront être publiés d’ici 2 à 3 ans. En pratique, la décision de prescrire une antibioprophylaxie demeure

 

à la discrétion du chirurgien. Celui-ci aura à juger, en fonction de son expérience, le risque de voir se déclarer une infection postopératoire. Mais quelle que soit sa décision, les modalités de prescription de l’antibioprophylaxie se doivent de respecter les règles édictées par l’ANDEM et l’American Heart Association.

Un brossage bucco-dentaire et un bain de bouche préopératoires à base de chlorhexidine, d’hexétidi ne ou de polyvidone iodée participent amplement à la réduction de la charge bactérienne (Sixou et Hamel, 2002). Il ne faut pas en minimiser le rôle dans la diminution des infections postopératoires.(ici)

L’antibiothérapie dite « de couverture » est une prescription empirique, coûteuse et dangereuse de par la pression de sélection qu’elle engendre sur les flores bactériennes, modifiant ainsi leur effet de barrière. Encore largement utili­sée (Dupon et aL, 1994), cette modalité de prescription, étalée sur 5 à 8 jours à partir de la veille de l’intervention, ne possède aucune base scientifique ou rationnelle (Styger-Morin et al., 1987 ; Duval et Soussy, 1990). Elle ne constitue pas une véritable antibioprophylaxie, administration unique préopératoire ou peropéra­taire d’un antibiotique antiadhésif à dose bactéricide. Il est temps de délaisser cette prescription empirique au profit d’une antibiopro­phylaxie réfléchie (Pallasch, 1993 ; Lakhssassi et al., 2004).

bioprophylaxie, celles relatives à la prévention de l’endocardite bactérienne demeurent les plus consensuelles (ANDEM, 1995 et 1996 ; Dajani et al., 1997). Cependant, le consensus français de l’antibioprophylaxie de l’endocardite bactérienne (mars 1992) est en cours de révision par le Groupe de travail des experts de la révision des recommandations sur la prophylaxie de l’endocardite bactérienne. Ces experts publieront bientôt leurs conclusions et devraient théoriquement instaurer une prescription unique et préopératoire de 2 g d’amoxicilline, rejoignant ainsi les dernières recommandations de l’American Heart Association. Au vu de la dose et du rythme d’administration très particuliers utilisés en antibioprophylaxie, il serait judicieux que les firmes pharmaceutiques mettent sur le marché plus de conditionnements.

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