Situation de l’emploi des seniors : du pain sur la planche !

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Un taux d’emploi très faible
La France se caractérise par une grande faiblesse du taux d’emploi ses seniors : en 2009, la proportion des 50-64 ans en activité était de 38% seulement, contre de bien meilleurs taux dans l’Europe du nord, 70% en suède par exemple. Et les quinquas français représentent plus de 8 millions de personnes !
Des lois… et de leurs effets
Depuis de début de ce 21eme siècle notamment, ce sont enchainées les réformes visant à améliorer l’inspection des moins de 25 ans (sans toutefois se préoccuper de leur évolution de carrière), le maintien dans l’emploi des seniors ainsi que leur retour à l’emploi, avec aide financière et amendes à la clé pour les entreprises (carottes et bâtons).
Au 1re janvier 2010 est entré en vigueur le plan d’action senior du gouvernement Sarkozy, qui imposait à toute entreprise de plus de 50 salariés de mettre en place un accord ou un plan d’action en faveur des seniors (maintien dans l’emploi, aménagement de carrière et recrutement), sous peine de pénalité financière équivalente à 1% de la masse salariale. Ce plan n’a pas donné de résultats probants, faute de temps peut-être puisqu’il est dorénavant remplacé par le contrat de génération du gouvernement Hollande. Au printemps 2012, 83% des salariés n’avaient pas connaissance d’un quelconque plan d’action au sein de leur entreprise. D’autre part, 80% des sondés déclaraient ne pas avoir bénéficié d’un bilan de compétences dans les trois dernières années alors que ce dispositif avait été rendu obligatoire en 2009 pour les salariés de plus de 45 ans afin de faciliter leur évolution de carrière.
Le récent contrat de génération est, selon Michel Sapin, ministre du travail et de l’emploi, « … une belle idée pour faire davantage de place aux plus jeunes sans pousser dehors les plus anciens ». Cette loi vise trois objectifs simultanés :
• Favoriser l’embauche de jeunes de moins de 26 ans ;
• Sécuriser l’emploi des seniors de plus de 57ans (55 pour les handicapés ou en cas de nouvelle embauche) ;
• Favoriser les solidarités intergénérationnelles en créant des binômes seniors-juniors liés par un contrat de tutorat.
Les entreprises répondant aux critères reçoivent des primes d’État incitatives.
Ce dispositif sous-entend que senior et Junior arriveront à collaborer, ce qui est un objectif louable, mais qui ne va pas forcément de soi : le rôle du chef de service apparaît ici nécessaire. Autre inconvénient du dispositif : il souligne la différence entre ces deux générations, un senior vs un jeune.
Certains enfin regrettent la manque d’ambition de cette loi, qui vise seulement le maintien dans l’emploi des seniors et non leur recrutement.
Le contrat de génération, comme beaucoup d’autres dispositifs de ce type, ne rencontre pas le succès espéré, malgré l’attrait du système. En fait, ce sont rarement les primes qui attirent du système. En fait, ce sont rarement les primes qui attirent les patrons : s’ils ont besoin d’embaucher un jeune, ils le feront, et si les critères d’éligibilité sont réunis, ils profiteront du système pour bénéficier des primes au passage.
Idem pour un senior : dans la majorité des cas, ils ne l’embaucheront que s’il possède les compétences requises et est apte à répondre aux besoins de l’entreprise plutôt que par crainte de payer une taxe.
Rappelons ici la proposition d’amendement du député Denis Jacquat de laisser « la possibilité aux salariés qui le souhaitent de prolonger leur activité au-delà de 65 ans, sous réserve d’en avoir préalablement manifesté l’intention auprès de leur employeur et dans la limite de cinq années ». Un argument était que le texte offrait la possibilité à une personne n’ayant pas suffisamment cotisé de pouvoir compléter ses annuités au lieu d’être « remerciée » à 60 ans quelle que soit sa situation. Ce type de proposition pourrait bien refaire surface.
L’État prépare des réformes substantielles pour espérer garantir le versement des pensions, à commencer par un allongement de la durée du travail, justifié par un allongement de l’espérance de vie. Nous verrons.
Au-delà des lois, il serait bon de pouvoir considérer la situation de chacun :
• A-t-il les moyens financiers de s’arrêter ?
• A-t-il l’envie, le souhait, le désir de continuer à travailler ou pas ?
• Sa santé le lui permet-elle ?
Au regard de la situation démographique et économique, il paraît regrettable d’empêcher de travailler un sexagénaire qui le veut et le peut, et qui, en plus, rendrait service à son entreprise et à la société.
Au regard de la situation humaine, il paraît inhumain d’obliger à travailler un sexagénaire exténué parce qu’il lui manque quelques mois de cotisations.
Au bilan de ces actions, et au-delà des calculs préoccupants pour les actifs et donc futurs retraités, la perte d’image est considérable dans sa globalité :
• L’État a subi une perte de confiance de la population sur sa capacité à réguler le social et l’économique ;
• les caisses de retraite ont été vidées ;
• la situation de l’emploi s’est fortement dégradée, notamment pour les seniors et pour les jeunes ;
• les seniors ont été « ringardisés », et se sont même dépréciés à leurs propres yeux ;
• les entreprises sont passées pour inhumaines, car elles ont souvent profité de l’occasion pour « dégraisser » leurs effectifs, en mettant en avant les côtés négatifs des seniors (usés, trop couteux, trop ancrés dans leurs habitudes…). Comme disait l’adage, « lorsqu’on veut se débarrasser de son chien, on dit qu’il a la rage ! », mais on ne peut totalement leur jeter la pierre puisqu’elles doivent perdurer dans un monde où la compétitivité est devenue un enjeu vital !
• Les jeunes, forcés de se battre eux aussi, ont été considérés comme opportunistes et irrespectueux des anciens ;
• les méthodes traditionnelles de travail ont été aussi, par le fait même, ringardisées, alors que certaines s’avéraient plus efficaces ou moins couteuses que les nouvelles ;
• certains savoir-faire était perdu ou chèrement récupéré.
En conclusion, la situation actuelle de l’emploi des seniors est très mauvaise, en dépit des discours, des vœux pieux, des lois et des actions tentées. On en vient à se dire que le système est grippé dans sa globalité et qu’il serait vain d’attendre les effets d’une loi miraculeuse, surtout si elle est sectorielle. Un redémarrage global de l’économie apporterait mécaniquement une amélioration, mais ne peut-on qu’attendre celui-ci sans rien faire ?

Un changement global est à opérer au sein de la société sur la place et le rôle qu’ont à tenir les seniors au sein de celle-ci : rôle sociétal, familial, mais aussi rôle économique.

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