Un ancien appelé publie un roman brûlot sur le service militaire
L’auteur Bob Tazar, embrigadé bien malgré lui dans une caserne du sud de la France à la fin des années 80, publie « L’Esprit d’équipe », son deuxième roman autobiographique consacré à ses mémoires de troufion.
« L’Esprit d’équipe », deuxième fournée des mémoires de troufion de Bob Tazar, poursuit la plongée au cœur du service militaire des années 80 entamée il y a six ans avec le remarqué « Chef, oui chef ! ». Une plongée sans filet dans les arcanes de la grande muette, à l’occasion de laquelle l’auteur dresse un portrait sans concession d’un système concentrationnaire où appelés immatures et serviles côtoient gradés tyranniques et obtus. Réflexion sans concession sur la nature humaine, l’art de défiler au pas ou de gratter des chiottes, « L’Esprit d’équipe », comme « Chef, oui chef ! » en son temps, est un brûlot antimilitariste qui tache, de la lecture duquel personne ne sortira véritablement indemne.
Extrait :
Une déflagration ! Un coup de tonnerre ! Ou, plus exactement, un tsunami ! Oui, c’est cela, un énormissime tsunami psychologique. Une vague gigantesque qui nous a submergés, Château et moi ! Qu’est-ce qu’on a ramassé, les deux ! Vingt-huit ans après les faits, tous les détails de notre arrivée dans le hall d’entrée du bâtiment affecté à notre section 2 sont encore bien présents dans mon esprit. Une dizaine de coreligionnaires d’infortune nous accompagnaient, avec le même air hagard et craintif en bandoulière. Une phrase, une seule, prononcée sans rire mais la voix grondante par un empaffé de gradé inconnu. Lundi 7 novembre 1988, peu avant 16 heures… Quand tout a réellement basculé…
Nous finissions tranquillement nos préparatifs, en chambre, en vue d’une virée très attendue à Marseille, ville de tous les plaisirs (je passe sur le fait que, après trente-cinq jours de captivité, même une soirée dans les quartiers Nord de Conakry, ravagés par une épidémie de peste bubonique, pouvait faire rêver. Cela est un autre débat). C’est alors qu’une annonce retentit dans le haut-parleur, résonnant dans les couloirs et les chambrées de la caserne avec force larsens aussi agressifs qu’inquiétants. Cela jeta un léger voile sur notre quiétude momentanée. Une succession de noms commença alors à être jetée en pâture à la vindicte populeuse, avec ordre de se présenter, toutes affaires cessantes, dans le hall d’entrée situé au rez-de-chaussée du bâtiment. Il était très rare que ce genre de convocation débouchât sur des honneurs ou des décorations officielles. Les Viêts ayant eu la bonne idée de ne pas attaquer pendant ces dernières semaines, je n’avais guère eu l’occasion de mettre en exergue ma bravoure légendaire et de sauver la Patrie. Et ce n’était pas mon coup de balai d’une efficacité aussi relative que syndicale qui pouvait me valoir la considération de mes chefs, qui en avaient sûrement vu d’autres. (…)
Roman papier de 225 pages, format poche 11 x 17 cm, disponible sur Internet chez TheBookEdition.
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