Les traitements hormonaux de la ménopause augmentent le risque de cancer du sein
Une vaste étude publiée, mercredi 26 janvier, dans le Journal of The American Medical Association (JAMA) montre que le risque de cancer du sein est accru de façon importante chez les femmes recevant, après la ménopause, un traitement hormonal à base d’oestrogènes et de progestérone.
Le but de l’étude : comparer les risques relatifs de cancer du sein lors de l’utilisation d’oestrogène seul ou d’oestrogène associé à la progestérone. On a observé que l’exposition aux oestrogènes seuls élève le risque de cancer de l’utérus, et que ce risque est fortement réduit par l’association avec des progestatifs. Allait-il en être de même pour ce qui concerne le cancer du sein ? Question importante, car un nombre croissant de femmes se soumet à un traitement hormonal après la ménopause.
Une équipe de chercheurs américains de l’Institut national du cancer, à Rockville (Maryland), dirigée par le docteur Catherine Schairer, a revu les dossiers de 46 355 femmes ménopausées suivies médicalement, pendant dix ans en moyenne, entre 1980 et 1995. Parmi elles, 2 082 cas de cancer du sein ont été détectés. Les chercheurs ont constaté que ce risque est majoré de 20 % chez les femmes suivant depuis moins de quatre ans un traitement par oestrogène comparé à celles qui ne sont pas traitées.
Et ce chiffre passe à 40 % chez celles qui suivent un traitement combiné oestrogène-progestérone. Pour les patientes nouvelles soumises à un tel traitement combiné, les chercheurs ont aussi déterminé que le risque s’accroît de 1 % pour chaque année d’utilisation avec l’oestrogène seul et de 8 % avec le traitement combiné. Les seuls cancers ici pris en compte sont les cancers invasifs, ce qui ajoute à la crédibilité des résultats.
Pour le public, ces résultats sont certainement surprenants. Le traitement hormonal substitutif après la ménopause est un facteur de confort remarquable, faisant disparaître les bouffées de chaleur, protégeant la peau, empêchant la sécheresse vaginale. On a aussi insisté sur les bienfaits d’un tel traitement : il réduit considérablement la morbidité cardio-vasculaire et retarde l’installation d’une ostéoporose dont les conséquences majeures sont les tassements vertébraux et les fractures du col du fémur.
Risques et avantages
Largement proposé par les gynécologues, remboursé par la Sécurité sociale, le traitement hormonal substitutif est de plus en plus souvent demandé directement par les femmes. Chez celles de plus de cinquante ans, c’est devenu aussi naturel que de prendre la pilule. Et pourtant, les études sur les risques de cancer du sein associés à ces traitements ont été nombreuses depuis vingt ans. Après quelques résultats contradictoires, il est apparu clairement que ce traitement augmentait le risque de cancer du sein, surtout chez les femmes minces.
Les études en question, reposant sur de larges cohortes, ont été réalisées en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et dans les pays du nord de l’Europe. L’analyse de l’ensemble de ces études – méta-analyse portant sur 52 705 femmes – a été publiée par l’hebdomadaire médical Lancet en 1997. Les résultats étaient proches de ceux obtenus aujourd’hui : le traitement après la ménopause par les oestrogènes seuls augmentait le risque de cancer du sein de 37 %, le traitement combiné aux progestatifs de 53 %. Ce risque augmente avec chaque année de traitement et cette augmentation du risque atteindrait 80 % au bout de dix ans et 160 % après vingt ans de traitement.
Les traitements hormonaux décrits dans ces études ne sont pas identiques à ceux utilisés aujourd’hui en France. Il est donc indispensable que soit menée aussi une étude épidémiologique qui permettra de connaître exactement les risques et avantages de ces traitements.
Elisabeth Bursaux
Cancérologie en jeanmann.com