Diagnostiquer les troubles de la communication et les troubles cognitifs chez les patients ; conseiller et faire de la prévention pour les corriger de façon durable : voici les grandes missions des orthophonistes hospitaliers. Celles-ci se déclinent en une multitude d’actions.  A l’heure H dévoile quelques unes.

« Nous pourrions intervenir partout », résume Alice Mouranche, orthophoniste dans l’unité neurovasculaire (UNV). Aujourd’hui, cette professionnelle soignante et ses quatre collègues interviennent principalement en neurologie (Charcot et Larrey) et en ORL. Bien qu’elles soient concentrées sur quelques services, les activités de ces cinq orthophonistes n’en demeurent pas moins très variées.

« L’orthophonie agit sur les troubles de l’oralité, du langage, cela peut-être sur la voix, sur l’articulation mais aussi sur la déglutition, précise Alice. C’est une activité très différente d’un centre de rééducation ou d’un cabinet libéral. Au CHU d’Angers nous réalisons surtout des bilans en concertation avec les équipes, le patient et les familles. Nous réalisons aussi un important travail de prévention, pour anticiper le quotidien après l’hospitalisation. » En effet si les missions sont multiples, toutes ont un même objectif de long terme : donner au patient et à son entourage toutes les clés pour faciliter le retour à la maison.

Une vision de long terme, en prévention du retour à domicile

Chez un patient ayant reçu une laryngectomie totale par exemple, de nombreuses fonctionnalités du quotidien sont atteintes. Le rôle de l’orthophoniste sera notamment de le préparer à l’adoption d’une nouvelle voix, de synthèse cette fois-ci ; de l’accompagner pour réapprendre à parler, à déglutir et ainsi éviter les troubles de l’alimentation pour donner au corps les meilleures conditions pour se reconstruire. Ce rôle, c’est aussi un échange approfondi avec la famille sur les habitudes du patient et un accompagnement pour réapprendre, ensemble, ce nouveau quotidien. Comme l’explique Adeline Bontemps, orthophoniste en ORL, « en fonction des besoins repérés lors du bilan, nous donnons des conseils pour la suite, à domicile. Nous mettons également les patients en lien avec des professionnels de santé à même de répondre à ces besoins très spécifiques, en ville ou en centre de rééducation.»

Côté neurologie, les pathologies sont différentes mais les actions de dépistage et de prévention sont toujours très présentes. Les patients qui arrivent à l’UNV ont été victimes pour la plupart d’un AVC et ont été pris en charge dans une filière d’urgence. Des troubles rapidement visibles tels qu’une aphasie peuvent survenir. S’ils ne disparaissent pas au bout de quelques heures, l’équipe médicale fait appel à l’orthophoniste. Son rôle sera également de détecter des troubles de la communication ou certains troubles cognitifs plus discrets mais qui doivent être corrigés. « Le travail avec la famille est primordial, rappelle Alice Mouranche. D’une part parce que les proches nous aident à repérer des troubles qui n’existaient pas ou peu avant, d’autre part parce que la ré-éducation du patient à domicile passe par une veille constante par son entourage proche. »

Des actions avant, après et pendant une opération

Suite à un trouble neurologique ou vasculaire, avant ou après un passage bloc opératoire, l’orthophoniste travaille également avec les patients pendant certaines interventions chirurgicales. C’est notamment le cas pour la neurochirurgie éveillée : le soignant réalise, avec le patient, des exercices de langage pendant que le chirurgien intervient dans son cerveau (lire Médiscope dans à l’heure H n°95, avec le travail de Ghislaine Aubin).

Les orthophonistes interviennent sur prescription médicale.  Le travail auprès des patients s’intègre à une prise en charge pluridisciplinaire, en interaction avec l’équipe médicale et paramédicale.