Vous comptez faire l’achat d’une roulotte, mais votre véhicule n’est pas encore muni d’une bonne attache remorque. Après un bref survol de ce qui est offert sur le marché, vous constatez que le sujet ne fait pas couler beaucoup d’encre et que la validité des conseils offerts par vos proches est inégale. Or, le choix d’une attache remorque n’est pas une affaire qu’on improvise. Votre sécurité et celle de votre famille en dépendent. Nous avons recueilli quelques conseils auprès d’un spécialiste à la retraite, M. Roger Bertrand.

Propos recueillis par Alain Leroux

AL : M. Bertrand, vous avez vendu des attaches remorque pendant plus de 30 ans. Quelle est l’erreur la plus courante que vous ayez constatée auprès des consommateurs?

RB : Les gens commettent généralement deux erreurs, selon qu’ils achètent leur remorque avant ou après leur véhicule. Ceux qui possèdent déjà leur véhicule font souvent l’erreur de choisir une remorque qui dépasse la capacité de traction de ce dernier. Heureusement, cette erreur est habituellement constatée avant qu’on installe une attache remorque sur la voiture du client. Un bon installateur se donnera la peine de vous interroger, parfois longuement, avant de vous vendre un produit quelconque. Mais le plus étonnant est de constater que nombre de consommateurs sont difficiles à convaincre en dépit de tous les conseils que nous leur donnons. Comme si leur sécurité était une donnée secondaire. Un revendeur consciencieux refusera de vous vendre un produit qui risque de vous mettre en danger, car il s’exposerait à des poursuites.

AL : Et la deuxième?

RB : La deuxième erreur est plus insidieuse. Quand ils magasinent un véhicule neuf ou usagé, plusieurs consommateurs qui envisagent de s’en servir pour tirer leur remorque ne prennent pas le temps de consulter le concessionnaire ou de lire l’étiquette apposée dans le cadre de la porte côté conducteur de l’auto ou du camion qu’ils convoitent. Cette étiquette affiche les données du fabricant au sujet de la capacité de remorquage du véhicule. En fait, beaucoup de gens pensent que la capacité de remorquage et de traction d’un véhicule dépend essentiellement de la puissance de son moteur. C’est une erreur qui cause bien des désagréments aux acheteurs négligents, qui se rendent souvent compte trop tard que leur auto n’est pas compatible avec la lourde remorque qu’ils possèdent déjà.

AL : N’empêche, il n’est pas toujours facile de comprendre toutes ces données. Pourquoi une voiture sport munie d’un puissant moteur a-t-elle moins de capacité de remorquage que d’autres voitures dites familiales?

RB : Parce que la capacité de remorquage d’un véhicule dépend d’abord et avant tout de son châssis et de son rouage d’entraînement, et non de la puissance de son moteur.

AL : Voilà qui mérite une explication.

RB : Le plus difficile pour une voiture n’est pas de faire avancer la remorque qu’elle tire, car même une très petite auto peut tirer un boeing sur plusieurs kilomètres! Le vrai défi apparaît dans les virages, les manœuvres serrées et les freinages. C’est pourquoi la voiture doit être construite à partir d’un cadre solide, ce dont plusieurs autos modernes sont dépourvues depuis l’apparition des châssis dits monocoques. Ces châssis résistent mal aux torsions et peuvent être irrémédiablement déformés si on leur impose des forces pour lesquelles ils n’ont pas été conçus. Les camions sont habituellement mieux adaptés, mais il est de plus en plus fréquent de voir de petits camions fabriqués sur des châssis monocoques. Il faut vraiment se renseigner adéquatement.

AL : Vous parlez aussi du rouage d’entraînement.

RB : En effet. Les voitures et camions à traction intégrale exercent une meilleure répartition des forces sur leur châssis quand ils sont en situation de remorquage. C’est pourquoi certains petits véhicules AWD en surclassent de beaucoup plus gros à deux roues motrices quand il s’agit de tirer une roulotte, par exemple.

AL : Un dernier conseil aux futurs acheteurs d’une attache remorque?

RB : Oui! N’hésitez pas à suivre des formations de conduite en situation de remorquage, offertes par certaines écoles. Quiconque est déjà rentré d’un voyage en Floride dans une tempête de neige au mois d’avril sait de quoi je parle. Il faut parfois obtenir des conseils d’expert pour assurer sa sécurité.

AL : Et celle de sa famille. Merci beaucoup pour ces renseignements.